Agrivoltaïsme : le soleil au service de l'élevage « Le tracker solaire fournit plus du tiers de notre électricité »
Robot de traite, tank à eau glacée, chauffe-eaux, fromagerie, véhicule utilitaire… Au Gaec Martineau, en Vendée, l’électricité produite par le panneau photovoltaïque, de type tracker, est directement valorisée en autoconsommation par les équipements de la ferme.
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Autonomie. Voilà un mot qui plaît à Camille Martineau, éleveur de vaches laitières sur la commune de Rives-de-l’Yon, en Vendée. Installé en Gaec avec son épouse, Véronique, l’exploitant a fait installer un tracker photovoltaïque de la marque OKwind en juin 2020 afin de réduire sa facture d’électricité. Cet équipement, posé à une trentaine de mètres de la stabulation, comprend un mât central qui soutient une structure pivotante recevant des panneaux solaires. L’ensemble se positionne automatiquement vers l’est le matin puis change d'orientation à intervalles réguliers, selon un algorithme, pour conserver la meilleure exposition au soleil jusqu’au soir. La production électrique est ainsi maximisée.
Stockage virtuel des excédents
En effet, l’année suivante, le Gaec inaugurait son atelier de transformation et le magasin de vente attenant, situés juste à côté de la stabulation. Désormais, 10 % des 480 000 L de lait bio de la ferme sont valorisés sur place, en bouteilles de lait pasteurisé ou en fromages au lait cru. Avec ses 54 panneaux, le tracker solaire présente une surface totale de 117 m2 pour une puissance de 22 kilowatts-crêtes(1) (kWc). Il ne fonctionne naturellement qu’en journée, avec des rendements bien meilleurs en été qu’en hiver. Actuellement, le Gaec consomme environ 100 000 kilowattheures(2) (kWh) par an. Sur les douze derniers mois, les panneaux ont produit 42 000 kWh, dont 35 000 kWh ont été utilisés sur la ferme. Le reste (7 000 kWh) correspond aux excédents qui surviennent quand les conditions sont optimales et que la production dépasse les besoins réels. Ce courant n’est pas perdu, puisqu’il est réinjecté dans le réseau public où il est « stocké virtuellement ».
Véhicule utilitaire électrique
Tous ces chiffres correspondent bien aux prévisions de l’analyse technico-économique fournie par OKwind. Le fabricant avait aussi géré la demande d’autorisation de travaux. Le tracker solaire a été implanté dans une prairie destinée aux laitières. Son emprise au sol est limitée à 5 m2 environ. Mais pour ancrer le mât, il a tout de même fallu couler près de 12 m3 de béton. En été, les panneaux projettent une ombre au sol que les vaches apprécient. Tous les équipements électriques, notamment les onduleurs, sont fixés sur le mât. Seule une petite armoire a été placée dans la stabulation, au niveau du point de raccordement. L’installation électrique ne présente donc pas de risque supplémentaire pour les bâtiments.
Afin de valoriser au mieux le courant fourni par le tracker, le Gaec a adapté certains de ses équipements. Ainsi les différents chauffe-eaux de la ferme sont programmés pour fonctionner à des heures échelonnées sur la journée. Dans le même esprit, le mixeur de la fosse à lisier n’est mis en route manuellement que les jours de beau temps. L’exploitation dispose aussi d’un véhicule utilitaire électrique avec une borne de recharge « intelligente ». Quand il ne sert pas, le fourgon est systématiquement branché à la borne, laquelle se met en marche uniquement s’il y a du courant en surplus dans le réseau. Les performances de l’installation sont accessibles sur une application disponible sur smartphone ou ordinateur.
Entretien limité
Le fonctionnement est entièrement automatisé. Un anémomètre placé sur la structure déclenche, si besoin, la mise en sécurité du tracker, en position horizontale. Son entretien est aussi très limité. Depuis son installation, Camille Martineau reconnaît n’avoir jamais eu besoin de le laver, car la pluie suffit à enlever la poussière. Un graissage des parties tournantes est nécessaire tous les ans. Il n’y a que quatre points à lubrifier, mais ils sont placés en hauteur, ce qui impose l’utilisation du chargeur télescopique pour les atteindre. Sur les modèles plus récents, le constructeur a prévu des points de graissage accessibles depuis le sol.
En 2020, l'investissement s'est élevé à 50 000 €. Le coût d’achat de l’électricité est aujourd’hui de 0,22 €/kWh pour l’exploitation. Compte tenu des économies réalisées dans le cadre de son autoconsommation, le Gaec devrait amortir le matériel au bout de sa huitième année. Un délai encore valable, selon le constructeur, car, si le prix du matériel a augmenté depuis, les tarifs de l’électricité ont eux aussi été revus à la hausse. De son côté, Camille Martineau ne regrette pas son choix.
(1) Le kilowatt-crête est l'unité désignant la puissance maximale fournie par un équipement solaire en conditions optimales.
(2) Le kilowattheure est l'unité correspondant à l’énergie réellement produite ou consommée par un équipement.
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